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Avant d’être célébré comme un « héros » de la République, de donner son nom à un square parisien, une place de Cannes, une rue de Vichy, une médiathèque de Moulins ou encore au collège de Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines) dans lequel il enseignait jusqu’à son assassinat, avant de devenir un martyr de la liberté d’expression, Samuel Paty a été un fils, un frère, un conjoint, un oncle et un père. Un passionné d’histoire, un « puits de connaissances », un enseignant surtout, qui avait consacré sa vie à la transmission du savoir et au débat d’idées.
C’est la mémoire vivante de cet homme de lettres, ensevelie sous les hommages de pierre, qu’est venue exhumer sa famille, vendredi 8 novembre, devant la cour d’assises spéciale de Paris. Une « famille banale », a insisté sa nièce Salomé, « pas un fait divers », mais une famille qui « souffre ». Une famille comme tant d’autres, qui a appris la mort de Samuel Paty comme les autres : en regardant la télévision, ou sur les réseaux sociaux pour les plus jeunes.
Bernadette, sa mère, se souvient de cette soirée du 16 octobre 2020 passée à la maison aux côtés de son mari, de cette lente plongée dans l’obscurité : « On regardait les informations sur France 3, et à la fin, un bandeau est passé indiquant qu’un professeur avait été agressé à la sortie de son collège. Puis, au bout d’un moment, c’était un professeur d’histoire-géographie… Et, cinq minutes après, c’était Samuel P. » Ce n’est que bien plus tard dans la soirée, vers minuit, qu’un policier les a appelés pour leur confirmer l’impensable.
Salomé avait 17 ans. C’est sur Snapchat, le lendemain matin, qu’elle a appris que son oncle « Samu » avait été décapité à la sortie de son collège par un Tchétchène de 18 ans. Depuis ce jour, un trou noir obstrue sa mémoire : « Quand je le visualise, je vois son corps, je pars du bas et je remonte vers le haut, mais un couteau lui tranche la tête avant que je puisse voir son visage. Ça fait quatre ans que je ne parviens plus à remonter jusqu’à son visage… »
Certaines images se dérobent, avalées par le traumatisme. Mais il reste le souvenir de l’homme, que sont venues raconter sa mère, Bernadette, ses deux sœurs, Gaëlle et Mickaëlle, ses nièces, Zoé et Salomé, et son ancienne compagne, Jeanne, qui élève désormais seule leur fils de 9 ans, G. Dans la famille, rares sont les adultes en âge de travailler à ne pas avoir été enseignants. C’est le cas du père, de la mère, de Gaëlle et de Jeanne.
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